Les armes

Article de Patrice Becker

Le Tai Chi Chuan utilise 3 armes : sabre, épée et lance. Ce sont les 3 armes traditionnelles du Tai Chi Chuan, communes à toutes les écoles. Leur cursus d’apprentissage est similaire a celui de la forme des mains (mémorisation des mouvements et des applications martiales associées).

Le sabre enseigne le rôle de la taille et la connexion du corps dans le mouvement, l’épée focalise sur les spirales et l’utilisation d’un mouvement vrillé dans le déplacement, quant à la lance, son rôle est d’apprendre à l’élève à concentrer son mouvement en utilisant la force interne.

Contrairement à la forme des mains qui s’exécute lentement, les formes d’armes sont rapides et renforcent la tonicité musculaire (extensions, sauts, etc.).

La pratique des armes est organisée, comme celle à mains nues, autour de huit forces (pa keng) qui en déterminent le schéma d’utilisation.

Pour le sabre :

  • Pi : trancher (taille)
  • Ci : transpercer (estoc)
  • Tan : s’étendre pour trancher vers le haut en attaquant l’aine (coup de bas en haut)
  • Tuo : pousser en avant le sabre soutenu par la main gauche
  • Ti : lever/parer vers le haut
  • Liao : détourner/parer et trancher dans le même mouvement
  • Chen : se baisser/détourner une attaque en pressant l’arme vers le bas
  • Lu : détourner sur le côté

Pour l’épée :

  • Kan : trancher (taille)
  • Liao : détourner/parer et trancher dans le même mouvement
  • Mo : Effleurer et tirer vers soi dans une petite diversion circulaire
  • Ci : transpercer (estoc)
  • Chou : attirer vers l’avant/détourner vers le haut par un mouvement  fouetté
  • Ti : parer vers le haut
  • Heng : balayer de travers/diversion horizontale suivie d’un coup d’estoc
  • Dao : parer en ramenant vers soi, l’épée pointant vers le bas

Pour la lance : 

  • Peng : parer vers le haut
  • Lu : parer vers le côté
  • Ji : pointer tout droit
  • An : appuyer vers le bas
  • Tan : petit An (petite diversion vers le bas)
  • Tiao : petite diversion dans autre direction
  • Qian : traîner et emporter l’arme de l’adversaire
  • Dian : pointe plus pénétrante et plus vrillée que Ji

Un autre des attraits de la pratique des armes, c’est l’augmentation du bagage technique pour le combat a mains nues. Les armes enseignent de nouveaux coups de pieds, et de nouvelles manières de les utiliser, des façons de défendre le bas avec les jambes, l’art des saisies, et de nouvelles façons de se mouvoir même si elles respectent toujours le diagramme des cinq éléments.

C’est dans les armes que ce fait l’apprentissage du fa jin.

Elles enseignent de nouvelles méthodes de tui shou, et leur pratique avec la main gauche renforce notre aptitude à l’ambidextrie.

Une des particularités des armes chinoises est l’utilisation du saut dans leur exécution. Dans la pratique du tai chi cela se complique car il est nécessaire de sauter sans une mobilisation du corps excessive.

C’est dans l’utilisation de la relaxation au sein d’un mouvement tonique que réside l’intérêt des armes. Il ne faut pas oublier que tous les textes qui régissent notre mouvement et l’utilisation du corps s’appliquent aussi aux armes. L’escrime interne est d’une haute difficulté car en cherchant a rejeter l’emploie de la force elle élève l’esquive au rang d’art.

L’entraînement au combat avec les armes commence toujours contre un bâton, ce qui est classique dans la boxe chinoise, pour finir contre des armes plus courtes. Ceci permet à l’élève de mieux maîtriser son corps dans l’espace (en l’obligeant à des mouvements amples), il commence avec une pratique codifiée pour finir dans une exécution libre.

L’apport à la pratique énergétique se situe dans une nouvelle utilisation du cercle qui par l’emphase mit sur les mouvements bas/ haut alternés devient spirale. Elles nous apprennent aussi a développer une sphère de plus en plus grande. Ainsi dans les armes nous retrouvons le triptyque santé/combat/énergétique qui est la raison d’être de notre art.

Les armes ne sont pas un apport annexe à notre discipline, mais un élément fondamental de notre développement en tant qu’élève et dans la compréhension de notre art. En elle se cachent des éléments fondamentaux de l’exécution du tao chuan, tout en nous permettant d’approfondir la relation de notre corps à l’espace à travers les concepts de notre art et leur mise en pratique dans des situations nouvelles.